Relecture d’un roman : cette astuce va te surprendre

Ne tournons pas autour du pot. Tu le sais, je le sais : l’une des étapes les moins sympas quand on écrit un roman, c’est la relecture à la fin et le re-travail. Le premier jet, c’était la partie créative. On a fait jaillir des mondes, des personnages, des arcs narratifs de notre cerveau enfiévré… et ceci terminé, on a qu’une envie : partager notre histoire avec le monde. Car évidemment, le monde n’attend que ça.

Po-po-po, minute papillon ! À ce stade, notre beau manuscrit n’est encore qu’une créature vaguement mal-foutue qu’il va falloir améliorer, affiner – ou profondément retravailler – pour en faire un joli petit bébé tout rose prêt à être montré.

Relecture : pourquoi c’est pénible

J’ai longtemps détesté la relecture. Au collège ou au lycée, j’étais le genre de gamine qui refourgue au prof ses deux copies doubles sans y avoir jeté le moindre regard une fois posé le point final. Après tout, c’est déjà assez ch… d’avoir à écrire une dissertation, on ne va pas en plus jouer les prolongations juste pour ajouter un « s » qui manque ou corriger deux-trois terminaisons, non ?

Eh bien, si.

Dans le cas d’un roman, l’étape de la relecture est absolument indispensable. J’aimerais dire qu’il y a un raccourcit (comme je rêverais de pouvoir le dire), mais non. Il faut te retaper ton roman en entier. Plusieurs fois. Enlever les fautes d’orthographe. Retirer des passages entiers. En réécrire d’autres. Relever les incohérences. Vérifier la typo etc. Et la douloureuse, Ô combien douloureuse vérité, c’est qu’à chaque relecture, le texte s’améliore effectivement.

Il m’est arrivé plusieurs fois d’expédier mes relectures avant d’envoyer des textes à des éditeurs. Je ne rentre pas dans les détails, mais ça ne m’a pas toujours réussi. L’exercice m’est difficile pour deux raisons :

1/ J’ai énormément de mal à me concentrer. Si bien que malgré 3 ou 4 relectures d’un même manuscrit, je suis capable de laisser passer des fautes d’orthographe ou des répétitions infectes. J’ai pourtant une bonne connaissance des règles de conjugaison ou des règles d’accord. Mais je ne sais pas… J’ai beau lire et relire, je ne vois pas les fautes. Ce qui m’intéresse profondément dans un texte, c’est son sens profond. J’ai beau essayer de discipliner ma cervelle en me répétant que la forme est importante (puisqu’elle sert le fond), rien à faire…

2/ La relecture est un exercice douloureux, parce que c’est aussi se confronter à la valeur de son texte. C’est le principe : on part à la chasse aux imperfections. Et comme je suis quelqu’un qui doute aisément, je déteste ça. Dès que je me mets sérieusement à relire, j’ai envie de tout changer. Tout me paraît pourri, à jeter… et la tâche de rendre le manuscrit potable me semble alors immense, démesurée. L’étape suivante : la dévalorisation. Même après une vingtaine de livres publiés, une vilaine petite voix continue parfois d’essayer de me convaincre que je ne vaux rien comme écrivaine.

Ô abîmes du doute ! ( Photo déprimante de Paola Chaaya sur Unsplash)

Pourquoi je te racontes ça ? Parce que je pense que ce sont des mécanismes assez répandus. Et j’ai suffisamment d’expérience aujourd’hui pour savoir qu’il faut les identifier pour mieux s’en détacher et ainsi donner toutes les chances à son roman. C’est comme ça qu’on devient vraiment pro. Pour que tout soit bien clair, être professionnel, c’est avant tout un état d’esprit. On peut être pro sans avoir encore publié de livre.

Le/la professionnel.le n’a pas à être parfait, et il/elle a le droit de galérer ou de douter. Il/elle a le droit d’avoir des jours avec ou des jours sans et de ne pas être 100% infaillible (spoiler : ni toi, ni moi, ni les éditeurices, ni qui que ce soit ne le sommes). En revanche, il ou elle sait se recentrer sur son objectif final : produire un bon roman. Et donc, il ou elle ne zappe pas la relecture. Si l’exercice lui pose problème, il faut trouver de l’aide ou des outils pour s’en sortir.

Voici donc, comme promis, ma technique secrète pour relire mes textes.

Astuce brevetée par la CIA (Chut !)

Allez, je balance !

Ma pratique professionnelle a été terriblement facilitée lorsque j’ai découvert la fonction « Lecture à voix haute » de Word. Si tu ne connais pas, c’est une commande qui permet d’entendre son texte lu par une charmante voix robotique. Tiens regarde, ça ressemble à ça :

(J’ai uploadé ma première vidéo sur Youtube, et on peut dire qu’elle envoie carrément du pâté au niveau de la réalisation)

Ce n’est pas hyper glamour à la première écoute. L’ordinateur ne met pas vraiment d’intonation, et il lui arrive de prononcer certains mots de manière un peu étrange. Cependant, en définitive, c’est honorable. Notez qu’on peut accélérer ou ralentir la lecture (dans la vidéo ci-dessus, j’ai mis en accéléré). Deux avantages :

  • On entend immédiatement lorsqu’une phrase est bancale ou mal fichue. Ou quand un passage est chiant ou inutile. C’est presque magique ! Il suffit alors de corriger jusqu’à ce que ça sonne harmonieusement à l’oreille. Par ailleurs, en suivant le texte au fur et à mesure de la lecture, les fautes de typo ou d’orthographe apparaissent plus clairement. La voix est comme un fil qui permet de focaliser l’attention. Impossible de sauter des phrases ou de lire en diagonale. On doit s’arrêter sur chaque mot prononcé. Doublé d’un correcteur orthographique, cette technique fait des miracles. Merci le 21ème siècle. #coeuraveclesdoigts
  • On me souffle dans l’oreillette que de grands auteurs comme Flaubert aimaient lire leur texte à voix haute, pour les raisons sus-mentionnées. Ceci dit, l’avantage que je vois à la lecture automatisée – dont Flaubert ne disposait pas mais je suis sûre qu’il aurait surkiffé – c’est justement que ce n’est PAS MA VOIX qui déclame. Cela me permet de me détacher un peu de l’affect que j’ai mis dans mon texte et de le juger de l’extérieur, comme un roman qui aurait été écrit par quelqu’un d’autre. C’est terriblement reposant, et même rassurant. Je découvre souvent à cette occasion que mes phrases sont, pour nombre d’entre elles, tout à fait décentes. Et quand ce n’est pas le cas, je parviens facilement à rectifier le tir. Je coupe, je supprime ou je remplace un mot, sans me laisser parasiter par des considérations inutiles sur mes qualités d’écrivaine.
Autrice émerveillée par cette technique (Photo de Thomas Park sur Unsplash

Je n’ai pas cherché si cette fonction existait sur d’autres outils de bureautique, comme Office, ou s’il existait des applications qui permettent de faire la même chose en mode gratuit (gratuit is good), donc si quelqu’un a des infos et souhaite en faire bénéficier la communauté, qu’il ou elle n’hésite pas à partager en commentaire. Et comme d’habitude, j’ai partagé cette technique pour donner des pistes, mais je ne prétends pas qu’elle marche pour tout le monde. Si tu connais d’autres astuces, je suis archi preneuse.

Bonne relecture !

2 réponses à Relecture d’un roman : cette astuce va te surprendre

  1. Oriane

    Merci ! Sans connaître cette astuce, j’ai tendance à le faire pour des articles (plus courts donc), quand j ai du mal à me concentrer justement : les relire à voix haute. Et effectivement, on constate direct ce qui ne va pas 😀

    • Aurelie Gerlach – Author

      Coucou Oriane ! Haha, je n’y pensais plus mais j’utilise ma technique aussi pour des articles parfois 😀

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